Tourisme: L'augmentation des tarifs de visite des monuments historiques mécontente les agents de voyages
Depuis le 1er août, les touristes étrangers paient plus cher pour visiter certains monuments historiques ou à caractère culturel dont le prix d’entrée a été multiplié par 7. Au regard de l’ancien droit d’entrée modique, l’augmentation est légitime mais le manque de communication des ministères et CRT a surpris les voyagistes qui doivent supporter la différence pour les packs déjà vendus.
«Nul n’est censé ignorer la loi», mais la communication ne semble pas être le fort des autorités publiques et des Centres régionaux du tourisme (CRT) qui ont omis de prévenir les agents de voyage de l'augmentation des tarifs de visite des touristes étrangers de plusieurs lieux culturels.
S’ils ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes, on peut cependant blâmer les autorités qui n’ont effectué aucun rappel ni envoyé de courrier à la veille de l’application de cette hausse.
N’étant pas informées de la publication en mai dernier de cette mesure au Bulletin officiel et de son entrée en vigueur le 1er août, plusieurs agences ont continué à facturer leurs excursions à l’ancien tarif pour leurs clients étrangers.
D’après nos recherches, elle ne figure pas sur les sites des ministères de la Culture et du Tourisme et encore moins sur ceux des CRT qui doivent pourtant informer les acteurs des changements de loi.
Manque d’information et pertes financières
Interrogées par Médias24, plusieurs grandes agences de voyage à Casablanca et Rabat affirment qu’elles vont devoir essuyer des pertes financières pour les packs payés et programmés après le 1er août.
«L’augmentation de 10 à 70 DH est justifiée car l’ancien tarif était ridicule et ne permettait pas d’entretenir les lieux visités. De plus, partout dans le monde, les touristes étrangers payent plus cher que les nationaux pour visiter les monuments culturels.
«En soi, l’augmentation n’est pas énorme (10 à 70 DH) mais quand vous avez, par exemple, 5 monuments à faire visiter à Fès, à 35 euros au lieu de 5 euros par touriste, et la même chose sur d’autres villes comme Marrakech, cela commence à chiffrer.
«Avec plusieurs groupes de 20 à 30 personnes, faites le calcul, cela nous fait environ une grosse perte de 1.000 euros par groupe. Le problème se pose pour tous les groupes avec qui nous avons signé pour des visites culturelles après le 1er août mais aussi pour les mois de septembre et octobre prochains.
«Sachant qu’ils ont payé à l’avance leur séjour et que nos partenaires T.O. refusent de leur demander de payer la différence, nous allons donc travailler à perte avant les prochaines signatures. Et même celles-ci risquent de poser problème car les brochures des T.O. pour l'année en cours ont été imprimées et envoyées aux agences de voyages étrangères avec les anciens prix.
«Nous ne remettons pas en cause cette augmentation mais plutôt le fait de ne pas avoir été informés du suivi de sa mise en place ou de ses modalités, c’est-à-dire des endroits où il faudra payer plus cher. Une loi comme celle-ci nécessite qu'elle soit appliquée une année après sa publication et non trois mois seulement.
Des Chinois au courant et des CRT aux abonnés absents
«Personnellement, c’est mon partenaire chinois qui m’a appris la nouvelle grâce à un de ses contacts au bureau de l’ONMT à Pékin. Il a fallu que je vérifie cette information sur internet car tous mes efforts pour me la faire confirmer oralement sont restés vains.
«Nous avons essayé de contacter plusieurs CRT au Maroc (Rabat, Casablanca, Oujda, Agadir, Marrakech…) mais aucun ne répond au téléphone. En pleine saison estivale, cela vous donne une idée sur la réactivité des acteurs publics.
«Ce qui est terrible, c’est que les Chinois sont plus rapides et mieux informés que nous sur des sujets qui nous concernent directement», accuse notre source pour qui cette histoire illustre parfaitement le manque de réactivité des autorités de tutelle.
Malgré la responsabilité évidente des agences de voyages qui auraient dû suivre ce dossier, les CRT censés leur faciliter la tâche ne se sont pas vraiment distingués sachant que les rares que nous avons pu contacter ne connaissent même pas la liste des monuments dont les tarifs de visite ont augmenté.
Quoi qu’il en soit, il faut espérer que le fruit de l’augmentation des droits d’entrée (détails ci-après) dans les monuments (voir liste) permettra d’entretenir ou de rénover ceux qui tombent en ruines.
Les tarifs et les monuments concernés par l’augmentation
L’arrêté conjoint (ministères de la Culture et des Finances), entré en vigueur depuis le 1er août dernier, fait ressortir trois grilles de tarifs dont le montant est différent en fonction des sites à visiter.
Notons d’abord que quel que soit le monument, les prix n’ont pas bougé pour les nationaux adultes (10 DH) et pour leurs enfants âgés de moins de 12 ans (5 DH). Ils ne payent pas les vendredis ni les premiers jours de fêtes religieuses. Les personnes en situation de handicap (toutes nationalités) sont exonérés de frais de billet.
Les tarifs ont augmenté pour les adultes étrangers (70 DH) et pour leurs enfants de moins de 12 ans (30 DH) qui veulent visiter les sites touristiques dans les villes suivantes:
Rabat (Nécropole mérinide du Chellah), Marrakech (Palais Badi et Bahia), Meknès (Volubilis, Ksar Mansour, Walili, Souari), Asfi (Palais de la mer), Kénitra (Site Mehdia), Essaouira (Musée Sidi Mohamed Ben Abdellah), Tanger (Centre d’art contemporain, Palais Budikaris).
Le 2ème tarif est de 60 DH pour les adultes étrangers et de 25 DH pour les enfants de moins de 12 ans désirant découvrir les monuments culturels de Salé (Ecole Narimiya, Bouamiya, Dôme des ambassadeurs), de Sidi Kacem (Bnassa), Tanger (Grotte d’Hercule et Site Ksar Sghir), Tétouan (Centre d’art contemporain, Site Tamouda), Essaouira (Sqala, El Mina), Larache (Site Lixus), Chefchaouen (Kasbah Chaouen), El Jadida (Citerne portugaise).
Le dernier tarif de 50 DH pour adultes étrangers et 20 DH pour leurs enfants est applicable aux sites de Salé (Borj Sabra Bnet, Zaouia Missak, Borj Dmour), Safi (Eglise portugaise), Kénitra (Tamousida), et Essaouira (Sqala Al Madina).
Pour les agences de voyages qui achètent plus de 500 tickets, une réduction de 30% est prévue. Les groupes marocains d’étudiants et élèves bénéficient d’un prix de 5 DH tandis que les groupes d’étrangers étudiants ou élèves payeront 20 DH.
Le 09 Août 2018
Source web par : Médias 24
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