La cour des comptes épingle le ministère du Tourisme !
Un rapport sur le département en charge du secteur du Tourisme vient d’être rendu public. Voici en substance ce que révèle ce document qui met en exergue de nombreuses défaillances enregistrées depuis des années dans ce ministère, que ce soit au niveau des actions entreprises que de la gestion financière de l’institution.
Après la présentation du rapport annuel de la Cour des comptes au titre des années 2016 et 2017 à Sa Majesté le Roi et son envoi au Chef du Gouvernement, au Président de la Chambre des Représentants et au Président de la Chambre des Conseillers, la Cour des comptes a rendu public, hier, ce rapport.
Celui-ci rend compte de l’ensemble des activités des juridictions financières dans les domaines relevant de leurs compétences, notamment celles relatives au contrôle de la gestion d’un certain nombre d’organismes publics, dont le ministère du Tourisme.
Selon la Cour des Compte, « La Vision 2020 du secteur du Tourisme a été élaborée sans capitaliser sur les acquis de celle qui l’a précédée. Ceci explique en grande partie l’insistance de la Vision 2020 sur des choix ayant déjà montré leurs limites au niveau de la vision 2010, notamment le développement simultané de six nouvelles stations balnéaires Azur. »
La Cour des Compte relève également qu’en décembre 2015 le Ministère du tourisme a signé un marché d’étude avec la société Boston Consulting Group (BCG), d’un montant de 6,96 MDH, pour la réalisation d’une évaluation de la vision 2020. La réception définitive de la prestation a été prononcée le 23 juin 2016. Or, à fin décembre 2016 le Ministère n’a ni diffusé les résultats de l’étude ni engagé des actions pouvant s’inscrire dans le cadre d’un réajustement de la Vision 2020.
Notons que la Cour des comptes n’a établi son étude que sur les années 2016 et 2017, mais nous savons qu’au jour d’aujourd’hui, le ministère du Tourisme qui est resté en affaire avec le cabinet BCG n’a toujours pas diffusé les résultats de cette étude ni engagé les actions.
A côté de cela, la Cour des Compte constate qu’à fin décembre 2016 aucune Agence de Développement Touristique n’a été créée (alors que leur mise en place a été prévue, dans le contrat programme de la Vision 2020, entre 2011 et 2012). Et pour les 15 Contrats Programmes Régionaux, l’analyse de l’état d’avancement des différents projets prévus montre un faible taux de réalisation.
Ce qui fait dire à la Cour des Compte « Il est à rappeler que l’une des principales missions dévolues au ministère du tourisme est la mise en œuvre de la stratégie de développement touristique. Or, d’après ce qui précède, il est possible de conclure que ledit ministère n’a pu opérer une réelle implémentation de la Vision 2020, en tant que stratégie nationale du tourisme. »
Et ce n’est pas tout… Sur un autre plan, le Ministère du tourisme a conduit le chantier de la modernisation de la réglementation en faisant systématiquement recours à des consultants externes via des contrats de droit commun. Aussi, la Cour des Compte a constaté que « les différentes études réalisées n’ont pas été suivies, pour la plupart, d’actions concrètes visant la mise en application des propositions et recommandations des consultants, ce qui pose toute la question de l’utilité, voire même, de l’opportunité de telles études ».
A ce titre, la Cour des Comptes met en exergue que « le recours aux contrats de droit commun, sans faire appel à la concurrence, s’est fait dans la majeure partie des cas sans que les conditions nécessaires ne soient réunies ». C’est le cas notamment des consultations juridiques portant sur l’élaboration des dispositifs réglementaires et des prestations de formation.
Même constat au niveau des mécanismes financiers d’appui au secteur.?Deux dispositifs d’appui ont été mis en place. Il s’agit de « Moussanada Siyaha » et « Renovotel » mais le bilan de ce programme d’appui a été très en deçà des attentes.
En matière de Formation, les mesures prévues par la vision 2020 en matière de formation aux métiers de tourisme ont connu des tentatives d’implémentation mais sans aboutissement.
Au niveau financier, la Cour des comptes révèle un fait préoccupant. « Il a été relevé une concentration dans l’attribution des contrats et marchés conclus par le Ministère au profit de quatre prestataires récurrents au cours des années 2014 et 2015». En 2015, ces quatre prestataires ont bénéficié de 12 contrats pour un montant de 16,3 MDH.
Cette multiplication de contrats accordés à un seul prestataire en une seule année, et pour des prestations aussi variées que les études (juridiques et techniques) et la formation, fait peser un doute sur l’opportunité des commandes objets desdits contrats, ainsi que sur la qualité des prestations. Ceci d’autant plus que les livrables de la plupart de ces études ne sont pas exploités pour mener des actions tangibles et traçables.
En définitif, si ce rapport de la Cour des comptes pointe du doigt expressément l’absence de mise en œuvre de la stratégie de développement touristique pour la période sur laquelle se base ce rapport, force est de constater qu’au jour d’aujourd’hui, il n’y a toujours pas de stratégie pour le secteur. L’arrivée de nouveaux responsables à la tête du ministère du Tourisme, en avril 2017, n’a pas été suivi de réalisations concrétes ni d’une vision claire pour rebooster le secteur…
Le secteur du Tourisme évolue plus que jamais en roue libre. Le constat est donc plus que jamais alarmant…
Source web par : tourismapost