Tourisme : L'augmentation des arrivées et la baisse des recettes, un paradoxe qui suscite des interrogations

Le secteur touristique au Maroc se trouve actuellement face à une équation économique complexe, illustrée par les récents chiffres de janvier, qui révèlent une mutation en cours. Bien que le mois ait enregistré une croissance notable de 10% des arrivées de visiteurs par rapport à l'année précédente, atteignant 992 541 personnes contre 902 310 l'an dernier, le panorama économique du tourisme marocain n'est pas aussi prometteur qu'il n'y paraît. Cette augmentation significative est attribuée à une campagne de promotion efficace menée par l'Office national marocain du tourisme (ONMT), des conditions météorologiques favorables, et la stabilité politique du pays. Cependant, malgré ces facteurs positifs, l'économie touristique du Maroc est confrontée à des défis tels qu'un taux de change peu avantageux et une inflation en baisse, qui ont contribué à une diminution de 11% des recettes en devises, passant de 8,61 milliards de dirhams en janvier 2023 à 7,71 milliards de dirhams cette année. L'expert en tourisme, Zoubir Bouhoute, basé à Marrakech, exprime des réserves quant à l'enthousiasme entourant ces résultats. Il souligne que le mois de janvier est historiquement creux, et préconise d'attendre les chiffres de février pour une évaluation plus complète de la situation. Bien que les arrivées en provenance du marché allemand aient augmenté de manière significative, atteignant 21 264 en janvier 2024 par rapport à 16 601 l'année précédente, soit une progression de 28%, Bouhoute met en garde contre l'écart entre les statistiques officielles et la réalité hôtelière. Il souligne une croissance de 53% des nuitées, tandis que les recettes ne suivent qu'avec une hausse de 12%, créant ainsi une dichotomie entre l'afflux de visiteurs et les retombées financières. Cette situation complexe soulève des questions sur la véritable nature de la croissance enregistrée. Pour Bouhoute, il est essentiel d'observer les tendances sur plusieurs mois, en portant une attention particulière aux chiffres de février et au mois de Ramadan. Bien que les arrivées de touristes internationaux aient progressé de 11 à 12% en janvier 2024 par rapport à 2023, il préconise la prudence et l'analyse approfondie sur une période plus étendue pour tirer des conclusions significatives. L'Observatoire du tourisme et les autorités compétentes sont appelés à fournir des explications détaillées sur cette dynamique. Des facteurs tels que le pouvoir d'achat des touristes dans la zone euro, le taux d'inflation au Maroc, et le coût des intrants sont explorés, bien que des données plus précises sur les prix moyens de location de chambres soient nécessaires pour une analyse approfondie. Bouhoute exhorte à ne pas céder à la panique face à ces signaux, soulignant l'importance d'attendre les résultats complets jusqu'à la fin d'avril pour évaluer l'impact global, en tenant compte de l'effet du Ramadan sur les flux touristiques. Si la tendance à la baisse persiste au cours des quatre premiers mois de 2024, des mesures appropriées devront être prises pour atteindre l'objectif ambitieux de 120 milliards de dirhams de recettes en 2026. Le 09/03/2024 Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani www.darinfiane.com    www.cans-akkanaitsidi.net    www.chez-lahcen-maroc.com