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ENTRE RITUEL ET INSTITUTION, LE MARIAGE DES CHLOUH (AMAZIGH) AU GÉOPARC JBEL BANI

ENTRE RITUEL ET INSTITUTION, LE MARIAGE DES CHLOUH (AMAZIGH) AU GÉOPARC JBEL BANI

Le mariage, « tangguift », au sein de la communauté chleuh – berbère, particulièrement célébré à l'oasis de Taghjijt, située à 200 km au sud d'Agadir entre Bouizakaren et Tata, est bien plus qu'une simple union. Il s'agit d'une intersection complexe entre des valeurs sociales, juridiques, affectives et morales. Cet événement, considéré comme incontournable dans la vie de chacun, revêt une importance capitale au sein de cette communauté. Mariage Chleuh : Une Institution Juridique Réelle Chez les Chleuhs, le mariage va au-delà d'une simple cérémonie. Il devient une institution juridique réelle, ancrée dans les opérations d'échanges, notamment lorsque la femme est soumise à ces dernières. Dans cette société, le mariage n'est pas seulement une option, mais une obligation pour tout homme, et le destin inévitable de toute femme. La force de la communauté tribale repose sur la stabilité de la famille, faisant du mariage une pierre angulaire. Place de la Femme dans la Société Berbère Avant d'explorer davantage ces rituels, il est essentiel de souligner la place significative réservée à la femme dans la coutume berbère. En tamazight, la femme est appelée "tamghart", signifiant la cheftaine. En cas de divorce, la coutume berbère accorde à la femme le droit de partager la maison, surtout si elle a contribué à sa construction. Cette pratique, connue sous le nom de tamazzalt dans la région de Souss, implique la répartition équitable des biens acquis pendant le mariage. Égalité et Production dans le Mariage Chleuh Le mariage chleuh se distingue par son caractère égalitaire, où chaque individu, y compris la femme, apporte son capital et son travail. Le "jihaz", le capital de la femme, et sa part d'acquêts, la "tizzla", démontrent cette équité rare, contrairement aux pratiques observées dans d'autres régions arabes. La loi de tamazzalt, absente dans le monde arabe, témoigne de cette spécificité, récemment reconnue et intégrée dans le nouveau code de la famille au Maroc. L'Admiration de Lyautey pour la Coutume Amazigh L'influence de la culture berbère a également captivé des figures historiques comme Lyautey, qui a exprimé son admiration pour la démocratie et la coutume amazigh. L'esprit démocratique et municipal, ainsi que l'usage persistant de la langue berbère, sont les piliers de cette civilisation. L'Honneur, Valeur Primordiale Le mariage chleuh, étant un carrefour de valeurs sociales, place l'honneur au premier plan. La femme, intimement liée à la notion subjective de l'honneur, est particulièrement scrutée lors de la nuit de noce. Des questions du type "Où sont mes clefs, ma fille?" posées par le père de la mariée révèlent l'importance de protéger l'honneur familial. Un Mariage des chleuhs ‘Berbère’ et ses Dimensions Religieuses Bien que centré sur les valeurs sociales, le mariage chleuh n'omet pas la dimension religieuse. Le rituel commence par invoquer le nom de Dieu et la protection du Prophète Mohammed. Le texte révèle également l'influence du chiisme, mentionnant Ali, le troisième calife bien guidé, et sa femme Fatima, soulignant la présence de pratiques religieuses spécifiques à la communauté berbère. le mariage chleuh, célébré à l'oasis de Taghjijt, transcende la simple union pour devenir une institution riche de significations sociales, juridiques, et religieuses. La place prépondérante accordée à la femme, l'égalité dans la production, l'importance de l'honneur, et l'influence religieuse spécifique, font de cette cérémonie un phénomène culturel unique, ancré dans les valeurs profondes de la communauté berbère.

Le 07/02/2024

Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani


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