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L'éducation aux médias

L'éducation aux médias

Grand défi de l'école marocaine aujourd'hui et demain.

L'école, aujourd'hui et plus que jamais, est appelée, pour être à la page, à introduire une composante nécessaire et vitale dans la formation de l'apprenant - personne - futur citoyen: il s'agit de l'éducation aux médias


PAVE/
Pourquoi les technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement ?



Les médias et les nouvelles technologies (radio, presse écrite, télévision, Internet) occupent actuellement et occuperont davantage demain le paysage quotidien des humains ; par conséquent, tout le monde, et nos apprenants en premier chef, est appelé à explorer l'univers des médias afin de découvrir le rôle qu'ils jouent dans notre culture et la manière avec laquelle ils influencent la perception de tout individu


Eduquer aux médias donc, c'est rendre chaque jeune capable de comprendre la situation dans laquelle il se trouve lorsqu'il est le destinataire des messages médiatiques : c'est le rendre apte à être un lecteur, un auditeur, un spectateur, un internaute actif vis - à - vis des médias.


Bref, éduquer nos jeunes aux médias aujourd'hui, c'est éviter demain un nouveau fléau qui nous guette : l'analphabétisme audiovisuel et multimédia


INTER/
Les premiers concernés par ce défi: les enseignants

 

Lors des réunions des conseils d'enseignement des établissements scolaires, nous avons pris l'habitude, et pour longtemps d'ailleurs, de noter que l'établissement manque de matériel audiovisuel et informatique, et que le tableau noir et la craie sont devenus obsolètes pour  assurer une éducation de qualité et un enseignement / apprentissage qui privilégie les compétences et les habiletés exigées par le marché du travail. Il est vrai qu'à une époque révolue, les enseignants étaient démunis face au paysage audiovisuel et informatique foisonnant qui défilait devant eux sans pouvoir en profiter pour innover dans leurs pratiques de classe, car le matériel faisait défaut dans la quasi-totalité des établissements scolaires; ils étaient dans la situation «  d'un automobiliste tombé en panne sèche en plein désert et qu'il voit passer devant lui un camion-citerne sans pouvoir lui en soutirer un litre ».
Or actuellement, et grâce au programme d'urgence 2009 / 2012, presque tous les établissements scolaires marocains sont équipés de matériels audiovisuel et informatique dernier cri : ordinateurs, téléviseurs LCD, vidéo projecteurs, chaînes HIFI, caméras vidéo, data show… et, chose formidable, la connexion  Internet. C'est en quelque sorte grâce au militantisme des enseignantes et des enseignants lors de ces conseils d'enseignement que l'on est arrivé à cette volonté officielle d'équiper ces établissements

 
Or la balle maintenant est dans le camp des enseignantes et des enseignants ; et étant donné que le matériel requis est disponible, et que nos apprenants en sont avides, l'intégration de ces moyens dans leurs pratiques de classe s'avère profitable voire nécessaire ; ne pas réagir face à cette situation, c'est reconnaître que nos apprenants sont en avance sur nous, enseignants, voire en avance sur leur école PAVE/

 

 
 L'éducation par les médias: adopter et adapter le flux médiatique en classe



 Actuellement, les élèves passent plus de temps face aux écrans que face à un livre, s'occupent davantage de leur téléphone portable que de leur cartable, se gavent plus de musique que des cours de leurs professeurs ; ils abandonnent avec un grand  regret ces objets qui meublent leur vie quotidienne pour aller s'installer dans une classe devenue morose et rébarbative. Et devant cette situation inquiétante d'élèves occupés par tout ce qui est technologie et multimédia, pourquoi ne pas intégrer dans nos classes le document média et multimédia afin d'égayer nos cours et gagner la motivation de nos apprenants pour un apprentissage actif et constructif ? Maintenant que le matériel est disponible dans les établissements, le reportage vidéo, le journal télévisé, le documentaire, les pages web, les séquences filmiques et j'en passe, sont  une mine de motivation inestimable pour nos apprenants. Pour cela, il nous faudrait abandonner les méthodes ex cathedra de transmission de savoir et adopter des méthodes d'enseignement / apprentissage participatives et  incitatives. L'enseignant est appelé en l'occurrence à rénover pour innover dans ses pratiques de classe. Or le document média ne doit pas être conçu en classe comme un « objet » de consommation ou un moyen pour soulager une classe qui semble morne et inactive. Tel un texte écrit, le document média doit faire passer des savoirs tout en ciblant des objectifs pédagogiques bien déterminés; c’est un déclencheur de la motivation des apprenants, un stimulus qui va leur présenter le contenu du programme sous un aspect plus motivant, plus attrayant et, pourquoi pas? ludique.
Reste à savoir si les enseignants sont prêts à faire face à ce défi et à s'engager dans cette voix pour exploiter fructueusement et raisonnablement les TIC qui sont, à coup sûr, porteuses d'une nouvelle culture et influencent  la psychologie des adolescents

 
Je m'adresse ici en réalité à tous les acteurs du système éducatif : aux responsables au niveau ministériel qui ont montré leur bonne foi à moderniser notre école voire à la multimédiatiser (comme dirait Bruno Devauchelle) et ce, à travers l'arsenal technologique dont ils ont équipé les établissements scolaires (programme d'urgence 2009/2012) et le programme de formation au profit des acteurs de la vie scolaire à travers GENIE. Reste à procurer à tous ces acteurs des guides et des banques de  données susceptibles de faciliter le cheminement plus ou moins douloureux  du système éducatif sur le chemin de sa modernisation

 
Je m'adresse également aux enseignants et à l'administration pédagogique pour ne pas laisser se rouiller dans des salles désertes un matériel qui a coûté des sommes faramineuses au ministère et dont nos apprenants tireront certainement un grand profit


PAVE/
Adapter l'école à notre époque, c'est aussi et surtout éduquer les apprenants aux médias

 

 Une fois le document média introduit en classe, il faudrait penser à aller plus loin : la passion et l'enthousiasme des apprenants et des enseignants  pour les médias et les TIC ne suffisent pas à assurer la pertinence des acquis et des apprentissages. La place croissante de l'information dans la société rend indispensable l'apprentissage de l'analyse critique des médias d'information par tous les élèves. L'arrivée d'Internet renforce la nécessité d'une éducation aux médias en même temps qu'elle en renouvelle les enjeux

Avec l’initiation du programme GENIE, le ministère de l'Education nationale affiche une volonté déclarée d'introduire les TIC dans le contexte éducatif. Or il faudrait distinguer entre éduquer aux médias et éduquer par les médias

 
Personnellement, je pense que l'éducation aux médias dans le sens large du mot (journaux, télé, Internet) est aussi primordiale que l'éducation par les médias. Il faut apprendre les médias comme on apprend à lire

 


Il ne suffit pas que l'on introduise dans nos classes des documents médiatiques comme supports pédagogiques (journal écrit, document vidéo ou pages web) ; il faudrait également que les apprenants - futurs - citoyens  puissent accéder à la lecture active des messages véhiculés.

 
La première vocation de l'éducation aux médias est d'éveiller l'esprit critique des élèves. Ceux-ci doivent comprendre le fonctionnement des canaux d'information et être capables d'analyser les messages qu'ils reçoivent, car les médias et les TIC influent considérablement sur les comportements. Lire une image,   fabriquer un journal télévisé,   construire un reportage, un documentaire, une publicité, une page web sont autant d'activités qui peuvent motiver nos apprenants en faisant d'une pierre deux coups : éduquer aux médias par les médias; c'est la compréhension critique des systèmes médiatiques comme forme d'accès à la citoyenneté qui pourrait nous éviter demain un nouveau fléau : l'analphabétisme multimédia.
En réalité, c'est une « discipline » transversale : il n'y a pas de programme spécifique, ni de plages horaires attribuées. C'est aux enseignants d'intégrer dans leurs pratiques pédagogiques des modules d'éducation aux médias : c'est l'occasion d'exploiter le matériel disponible et d'occuper les salles multimédias mises à disposition



* Censeur au Lycée Ahmed Idrissi - Chefchaouen

 

 

Source : web  Libération Maroc Le 27 Novembre 2010